Maladie de Dupuytren
La maladie de Dupuytren est une maladie qui touche un tissu précis de la paume de la main : l’aponévrose. Pour des raisons mal connues, ce tissu devient épais, se pelotonne d’abord en boule (les nodules) ce qui entraîne des plis dans la paume ou les doigts. Au fur et à mesure que la maladie évolue, ces tissus se rétractent entraînant la formation de « brides » dans la main qui limitent les possibilités d’extension des doigts, alors que la fermeture de la main reste possible car les tendons sont sains. Au maximum les doigts sont enfermés dans la paume. Cette maladie touche préférentiellement les quatrièmes et cinquièmes doigts, mais peut atteindre toute la main et les doigts. Elle est habituellement indolore.
Cette maladie est, au moins en partie, d’origine génétique : c’est pour cette raison que d’autres membres de votre famille sont souvent atteints, avec des formes très variables.
En revanche l’apparition de la maladie peut être favorisée par un traumatisme, une chirurgie (et n’est en aucun cas une complication).
Il n’y a, à l’heure actuelle, aucun traitement médical de la maladie. Le seul traitement possible reste donc la section ou l’ablation des tissus malades. Parce que l’origine est inconnue, le traitement chirurgical ne peut, à lui seul, empêcher l’extension de la maladie à d’autres doigts, voire la récidive sur les doigts opérés. Pour toutes ces raisons, il est rare de devoir traiter les formes débutantes. Par contre il ne faut pas trop attendre car dans les formes sévères le traitement est plus difficile et plus risqué. Les résultats sont moins bons et le risque de récidive plus élevé. On conseille un traitement lorsque le patient ne peut plus poser sa main à plat sur une table en appuyant avec l’autre main.
Les examens complémentaires
Aucun bilan complémentaire n’est nécessaire.
Le traitement
L’intervention chirurgicale consiste en la résection la plus complète possible de tous les tissus aponévrotiques pathologiques. L’intervention chirurgicale est le plus souvent réalisée sous anesthésie locorégionale. Le chirurgien réalise sous loupes grossissantes une ou plusieurs incisions sinueuses, transversales. Afin d’obtenir une extension la plus complète possible, la technique de paume ouverte peut être réalisée avec une petite zone ouverte laissée en cicatrisation dirigée. Il peut être associé une greffe de peau prélevée sur une autre région ou une plastie locale qui correspond au déplacement d’un lambeau de peau avoisinant afin que celui-ci vienne recouvrir la perte de substance cutanée.
En cas de rétraction très sévère il se peut que l’extension complète des doigts ne soit pas parfaitement obtenue en fin d’intervention. Également les déformations dites « en boutonnière » peuvent ne pas être complément corrigée.
Publications d’articles
Article : Traitement de la maladie de Dupuytren par aponévrectomie et technique de la paume ouverte : résultats à 7 et 21 ans.
Dr S ROULET, et al.
Après l’intervention
L’hospitalisation est le plus souvent ambulatoire. La mobilisation des doigts et du poignet est généralement immédiate ou au bout de quelques jours. La surveillance ultérieure des pansements, la couverture anti-douleurs ainsi que les rendez-vous de contrôle vous seront indiqués au cas par cas par votre chirurgien. Cette intervention justifie une rééducation adaptée rapide, ainsi qu’une orthèse spécifique dynamique thermoformable pour faciliter l’extension obtenue du ou des doigts.
L’orthèse est à porter 24h/24 jusqu’à cicatrisation complète puis la nuit pendant 3 mois.
La petite zone laissée en cicatrisation dirigée peut nécessiter des soins pendant 15 à 30 jours en fonctions des autres pathologies (diabète, problèmes de cicatrisation,…).
Complications
La survenue d’un hématome est habituelle et ne constitue pas une complication.
La peau se colore (bleue) avec modification de cette couleur (vert puis jaune) au fil des jours. Cet hématome peut diffuser de part et d’autre de la cicatrice et diffuse vers les extrémités. Il se résorbe en règle générale tout seul. Il peut exceptionnellement nécessiter une ponction évacuatrice ou un drainage chirurgical (surtout en cas de traitement fluidifiant le sang).
L’algodystrophie
L’algodystrophie est une complication non exceptionnelle. Ses causes sont à ce jour mal connues. Il s’agit d’une réaction inflammatoire disproportionnée par rapport à la chirurgie. Il est impossible de prévoir quel patient fera une telle complication. Les signes de cette affection sont marqués par des douleurs souvent importantes (apparemment disproportionnées), des raideurs articulaires, un gonflement de la main et des doigts, des sensations de chaud et/ou de froid, une diminution de force. Il s’agit d’un enraidissement douloureux pouvant toucher l’épaule, le coude et/ou la main. L’évolution de l’algodystrophie est souvent très longue, pouvant s’étaler sur 12 à plus de 24 mois. Malgré les traitements mis en œuvre, une algodystrophie peut laisser des séquelles dans environ 5 à 10 % des cas, plus ou moins invalidantes. Il peut s’agir de raideurs articulaires, de rétractions tendineuses ou aponévrotiques. Des douleurs résiduelles sont possibles. Pour réduire le risque, il faut bien prendre le traitement antidouleur ainsi que la Vitamine C et bouger l’ensemble du membre supérieur ainsi que tous les doigts selon les consignes de votre chirurgien en fonction de l’immobilisation post-opératoire.
Atteinte nerveuse d’un des nerfs du doigt concerné
Une atteinte nerveuse d’un des nerfs du doigt concerné (pris dans un tissu fibreux cicatriciel ou exceptionnellement section de celui-ci) est toujours possible. Par contre une sensation moindre sur le ou les doigts opérés peut survenir pendant une période transitoire. La sidération des nerfs avoisinants la cicatrice : le plus souvent ce sont les filets nerveux sensitifs qui sont concernés, aboutissant alors à des troubles localisés de la sensibilité (anesthésie, fourmillements…). La plupart du temps ces troubles sont transitoires et disparaissent spontanément en quelques semaines.
Risque de lésion nerveuse et/ou de lésion vasculaire
En cas de reprise chirurgicale de maladie de Dupuytren déjà opérée, le geste chirurgical est très compliqué. Le risque de lésion nerveuse (pris dans un tissu fibreux cicatriciel ou exceptionnellement section de nerf) et/ou de lésion vasculaire (plaie ou exceptionnellement section d’artère) sont élevés, pouvant amener à une amputation du doigt.
L’infection profonde est exceptionnelle
Elle peut nécessiter une nouvelle chirurgie et un traitement prolongé par antibiotiques. Il vous est fortement déconseillé de fumer pendant la période de cicatrisation, le tabagisme augmentant de manière significative le taux d’infection.
Les cicatrices
Les cicatrices peuvent rester gonflées et sensibles pendant plusieurs semaines avec douleur à l’appui. Également une sensation cartonnée de la paume de la main peut persister quelques mois. Une raideur temporaire peut être observée et peut justifier une rééducation complémentaire. La force reste souvent limitée pendant plusieurs mois.
La liste n’est pas exhaustive et une complication particulièrement exceptionnelle peut survenir, liée à l’état local ou à une variabilité technique. Toutes les complications ne peuvent être précisées, ce que vous avez compris et accepté.
Les résultats à espérer
Le traitement chirurgical est un geste conséquent mais son procédé est bien établi. Il permet une stabilisation et une amélioration importante de l’évolution de la maladie. La récupération se déroule souvent sur plusieurs mois mais n’est pas toujours totale, en particulier au niveau de l’extension du doigt qui parfois n’est pas pleinement obtenue. Il permet une amélioration de la gêne fonctionnelle et esthétique. Néanmoins, il existe un risque de récidive et de raideur éventuelle des doigts.
Quelques questions que vous devez vous poser ou poser à votre chirurgien avant de vous décider pour votre intervention
Pourquoi me recommandez-vous cette chirurgie particulièrement ?
Au bout de combien de temps pourrai-je reprendre mon travail ou mes activités sportives et quelle sera la durée totale de ma convalescence ?
Me recommandez-vous un second avis ?
Y a-t-il d’autres solutions chirurgicales pour mon cas et pourquoi ne me les recommandez-vous pas ?
Comment se passe l’acte chirurgical et en avez-vous l’expérience ? Quel est le temps opératoire ? Quelle est la durée de l’hospitalisation ? Aurai-je beaucoup de douleurs et comment la traiter ?
Si je ne me fais pas opérer, mon état va-t-il se dégrader ?
Quels sont les bénéfices pour moi à être opéré et quel résultat final puis-je espérer ?
Quels sont les risques et/ou complications encourus pour cette chirurgie ?