Syndrome du tunnel cubital / Compression du nerf ulnaire au coude

Le syndrome de tunnel cubital correspond à une compression du nerf ulnaire (cubital) au niveau du coude dans son passage dans la gouttière épitrochléo-olécranienne. Celle-ci entraîne des fourmillements au niveau du 4ème et 5ème doigts, au départ nocturnes, puis souvent à l’effort ou permanents. Il peut s’y ajouter des signes moteurs avec lâchage d’objets, perte de force. L’aboutissement peut être une perte totale de sensibilité avec amyotrophie des muscles de la main. Il peut s’y ajouter un effet de luxation du nerf dans les mouvements de flexion extension sur l’épitrochlée.

Les examens complémentaires

Un bilan d’imagerie peut être demandé par votre chirurgien avec une radiographie. Un l’électroneuromyogramme est indispensable pour confirmer le diagnostic et préciser l’importance de l’atteinte, mais le diagnostic en demeure clinique.

Syndrome du tunnel cubital
Compression du nerf ulnaire au coude
Compression du nerf ulnaire au coude

Le traitement

L’intervention chirurgicale est retenue en cas de compression confirmée par l’électroneuromyogramme ou en cas de tableau douloureux résistant au traitement médical. L’intervention chirurgicale est le plus souvent réalisée sous anesthésie locorégionale. Le chirurgien réalise une incision longitudinale par mini abord au bord interne du coude, centrée sur le nerf ulnaire. Elle consiste en une dissection du nerf ulnaire au coude d’une manière suffisamment large pour pouvoir le transposer en avant de l’épitrochlée, et le stabiliser avec l’aponévrose des muscles épitrochléens pour éviter les récidives et une instabilité.

Après l’intervention

L’hospitalisation est ambulatoire. La mobilisation des doigts et du poignet est immédiate. Une attelle transitoire est prescrite pour une durée de 15 jours. La surveillance ultérieure des pansements, la couverture anti-douleurs ainsi que les rendez-vous de contrôle vous seront indiqués au cas par cas par votre chirurgien.
La sensibilité de la cicatrice et le manque de force peuvent persister 4 à 6 mois.

Complications

La survenue d’un hématome est habituelle et ne constitue pas une complication.

La peau se colore (bleue) avec modification de cette couleur (vert puis jaune) au fil des jours. Cet hématome peut diffuser de part et d’autre de la cicatrice et diffuse vers les extrémités. Il se résorbe en règle générale tout seul. Il peut exceptionnellement nécessiter une ponction évacuatrice ou un drainage chirurgical (surtout en cas de traitement fluidifiant le sang).

L’algodystrophie

L’algodystrophie est une complication non exceptionnelle. Ses causes sont à ce jour mal connues. Il s’agit d’une réaction inflammatoire disproportionnée par rapport à la chirurgie. Il est impossible de prévoir quel patient fera une telle complication. Les signes de cette affection sont marqués par des douleurs souvent importantes (apparemment disproportionnées), des raideurs articulaires, un gonflement de la main et des doigts, des sensations de chaud et/ou de froid, une diminution de force. Il s’agit d’un enraidissement douloureux pouvant toucher l’épaule, le coude et/ou la main. L’évolution de l’algodystrophie est souvent très longue, pouvant s’étaler sur 12 à plus de 24 mois. Malgré les traitements mis en œuvre, une algodystrophie peut laisser des séquelles dans environ 5 à 10 % des cas, plus ou moins invalidantes. Il peut s’agir de raideurs articulaires, de rétractions tendineuses ou aponévrotiques. Des douleurs résiduelles sont possibles. Pour réduire le risque, il faut bien prendre le traitement antidouleur ainsi que la Vitamine C et bouger l’ensemble du membre supérieur ainsi que tous les doigts selon les consignes de votre chirurgien en fonction de l’immobilisation post-opératoire.

Atteinte du nerf ulnaire

L’atteinte du nerf ulnaire pris dans un tissu fibreux cicatriciel ou exceptionnellement section de celui-ci est exceptionnelle. La sidération des nerfs avoisinants la cicatrice : le plus souvent ce sont les filets nerveux sensitifs qui sont concernés, aboutissant alors à des troubles localisés de la sensibilité (anesthésie, fourmillements…). La plupart du temps ces troubles sont transitoires et disparaissent spontanément en quelques semaines.

L’infection profonde est exceptionnelle

Elle peut nécessiter une nouvelle chirurgie et un traitement prolongé par antibiotiques. Il vous est fortement déconseillé de fumer pendant la période de cicatrisation, le tabagisme augmentant de manière significative le taux d’infection.

La cicatrice

La cicatrice peut rester gonflée et sensible pendant plusieurs semaines. Une sensation moindre ou une hypersensibilité transitoire de la cicatrice peut être observée. Une raideur temporaire peut être observée et peut justifier une rééducation complémentaire. La force reste souvent limitée pendant plusieurs mois.

La liste n’est pas exhaustive et une complication particulièrement exceptionnelle peut survenir, liée à l’état local ou à une variabilité technique. Toutes les complications ne peuvent être précisées, ce que vous avez compris et accepté.

Les résultats à espérer

La libération et la transposition du nerf ulnaire au coude est un geste chirurgical bien codifié. La chirurgie est efficace sur la stabilisation du nerf, sur les douleurs, avec souvent disparition immédiate des fourmillements en fonction de la sévérité de l’atteinte et permet le plus souvent en quelques semaines une totale récupération. Les récidives en sont exceptionnelles. Une perte partielle de la sensibilité ou de la force peut être observée, souvent en lien avec une compression très importante, et le degré de récupération reste imprévisible. Les signes moteurs avec amyotrophie font rarement l’objet d’une récupération complète, plus le nerf est atteint plus la récupération est longue. La sensibilité de la cicatrice et le manque de force peuvent persister 4 à 6 mois.

Quelques questions que vous devez vous poser ou poser à votre chirurgien avant de vous décider pour votre intervention

Pourquoi me recommandez-vous cette chirurgie particulièrement ?

Au bout de combien de temps pourrai-je reprendre mon travail ou mes activités sportives et quelle sera la durée totale de ma convalescence ?

Me recommandez-vous un second avis ?

Y a-t-il d’autres solutions chirurgicales pour mon cas et pourquoi ne me les recommandez-vous pas ?

Comment se passe l’acte chirurgical et en avez-vous l’expérience ? Quel est le temps opératoire ? Quelle est la durée de l’hospitalisation ? Aurai-je beaucoup de douleurs et comment la traiter ?

Si je ne me fais pas opérer, mon état va-t-il se dégrader ?

Quels sont les bénéfices pour moi à être opéré et quel résultat final puis-je espérer ?

Quels sont les risques et/ou complications encourus pour cette chirurgie ?