Arthrose du coude – Prothèse totale de coude

En cas d’arthrose très importante de toute l’articulation du coude, d’origine post traumatique ou primitive, secondaire à une maladie inflammatoire (polyarthrite rhumatoïde) ou exceptionnellement en cas de fracture complexe du coude, il est justifié de remplacer l’articulation du coude (humérus, ulna, et parfois tête radiale) par une prothèse totale de coude.

Les examens complémentaires

Un bilan radiographique complet est réalisé permettant de confirmer le diagnostic et de prévoir la chirurgie. Il peut être complété par un bilan complémentaire (scanner, arthroscanner). Un bilan dentaire et urinaire peut également prescrit afin de rechercher une infection qui devra être traitée avant l’intervention pour éviter toute contamination.

Arthrose du coude
Fracture complexe de l’extrémité inférieure de l’humérus chez une personne âgée

Fracture complexe de l’extrémité inférieure de l’humérus chez une personne âgée.

Prothèse totale de coude

Prothèse totale de coude

Le traitement

La chirurgie est réalisée généralement sous anesthésie générale. Une cicatrice est réalisée à la face postérieure du coude de taille adaptée selon les cas. La prothèse peut être fixée dans l’os par impaction (prothèse sans ciment) ou avec du ciment (prothèse cimentée) au libre choix de votre chirurgien. Pour la tête radiale, soit celle-ci est retirée soit une prothèse est également mise en place. La prothèse est de composition variable. Des radiographies de contrôle peuvent être réalisées durant l’intervention. De nombreux gestes complémentaires peuvent être associés, sur les nerfs (libération ou transposition), les muscles ou les tendons, les ligaments. Une attelle sera à porter quelques semaines.

Après l’intervention

Après quelques jours d’hospitalisation, votre chirurgien autorisera votre sortie avec les ordonnances de soins nécessaires (pansement, antalgiques, kinésithérapie). Vous serez revu en consultation avec des radiographies. Une rééducation vous est le plus souvent proposée, soit immédiate soit secondaire, effectuée soit au départ dans un centre de rééducation, soit et par la suite par un kinésithérapeute de ville. La durée de la rééducation est très variable, toujours de plusieurs mois.

Complications

La survenue d’un hématome est habituelle et ne constitue pas une complication.

La peau se colore (bleue) avec modification de cette couleur (vert puis jaune) au fil des jours. Cet hématome peut diffuser de part et d’autre de la cicatrice et diffuse vers les extrémités. Il se résorbe en règle générale tout seul. Il peut exceptionnellement nécessiter une ponction évacuatrice ou un drainage chirurgical (surtout en cas de traitement fluidifiant le sang).

L’algodystrophie

L’algodystrophie est une complication non exceptionnelle. Ses causes sont à ce jour mal connues. Il s’agit d’une réaction inflammatoire disproportionnée par rapport à la chirurgie. Il est impossible de prévoir quel patient fera une telle complication. Les signes de cette affection sont marqués par des douleurs souvent importantes (apparemment disproportionnées), des raideurs articulaires, un gonflement de la main et des doigts, des sensations de chaud et/ou de froid, une diminution de force. Il s’agit d’un enraidissement douloureux pouvant toucher l’épaule, le coude et/ou la main. L’évolution de l’algodystrophie est souvent très longue, pouvant s’étaler sur 12 à plus de 24 mois. Malgré les traitements mis en œuvre, une algodystrophie peut laisser des séquelles dans environ 5 à 10 % des cas, plus ou moins invalidantes. Il peut s’agir de raideurs articulaires, de rétractions tendineuses ou aponévrotiques. Des douleurs résiduelles sont possibles. Pour réduire le risque, il faut bien prendre le traitement antidouleur ainsi que la Vitamine C et bouger l’ensemble du membre supérieur ainsi que tous les doigts selon les consignes de votre chirurgien en fonction de l’immobilisation post-opératoire.

Un geste difficile

La prothèse totale de coude est un geste difficile avec un taux de complications pendant l’opération assez conséquent : fractures, plaie d’un nerf ou d’une artère, autre lésion tissulaire.

Atteinte nerveuse d’un des nerfs principaux

Une atteinte nerveuse d’un des nerfs principaux : nerf radial, cubital ou médian (pris dans un tissu fibreux, étiré, ou exceptionnellement sectionné) peut être observée. Elle met souvent plusieurs mois à récupérer et peut justifier une intervention secondaire. Une sensibilité perturbée sur le territoire de l’un de ces nerfs n’est pas rare. La sidération des nerfs avoisinants la cicatrice : le plus souvent ce sont les filets nerveux sensitifs qui sont concernés, aboutissant alors à des troubles localisés de la sensibilité (anesthésie, fourmillements…). La plupart du temps ces troubles sont transitoires et disparaissent spontanément en quelques semaines.

La raideur

La cicatrisation des tissus peut créer des adhérences qui vont limiter la flexion, l’extension ou la prono-supination. Si cela persiste une nouvelle opération peut être proposée pour libérer les adhérences. Les amplitudes totales sont rarement retrouvées.

L’infection profonde

L’infection profonde peut nécessiter une nouvelle chirurgie et un traitement prolongé par antibiotiques. L’infection est une complication rare mais grave. Elle peut survenir même très longtemps après la chirurgie et peut provenir d’une infection à distance du coude, comme une infection dentaire ou urinaire. Une infection sur la prothèse peut conduire à une nouvelle chirurgie. Il faudra donc surveiller attentivement, traiter les infections toute votre vie et prendre bien soin de votre peau en évitant toute plaie qui constituerait une porte d’entrée pour les bactéries. Il vous est fortement déconseillé de fumer pendant la période de cicatrisation, le tabagisme augmentant de manière significative le taux d’infection.

Luxation de la prothèse

La luxation de la prothèse est rare, elle justifie une réduction voire un geste chirurgical complémentaire.

Le prothèse

La prothèse peut soit se mobiliser, soit s’user ou user le cartilage en face (condyle radial), pouvant justifier une nouvelle intervention.

La cicatrice

La cicatrice peut rester gonflée et sensible pendant plusieurs semaines. Une raideur temporaire peut être observée et peut justifier une rééducation complémentaire. La force reste souvent limitée pendant plusieurs mois.

Calcifications

Il peut apparaître des calcifications sans explication scientifique précise. Pour lutter contre ce phénomène des anti-inflammatoires vous seront prescrits.

La liste n’est pas exhaustive et une complication particulièrement exceptionnelle peut survenir, liée à l’état local ou à une variabilité technique. Toutes les complications ne peuvent être précisées, ce que vous avez compris et accepté.

Les résultats à espérer

Les résultats sont le plus souvent bons, avec une récupération d’une bonne mobilité́. La mobilité finale, tant en flexion extension qu’en prono-supination, est toutefois variable et impossible à prédire, elle est souvent longue à récupérer. Les douleurs sont le plus souvent modérées ou absentes. La fonction finale du coude est le plus souvent bonne. Une dégradation secondaire peut parfois être observée. Une récupération totale est toutefois impossible, même si l’amélioration notamment en termes de douleurs et de fonction est nette.

Quelques questions que vous devez vous poser ou poser à votre chirurgien avant de vous décider pour votre intervention

Pourquoi me recommandez-vous cette chirurgie particulièrement ?

Au bout de combien de temps pourrai-je reprendre mon travail ou mes activités sportives et quelle sera la durée totale de ma convalescence ?

Me recommandez-vous un second avis ?

Y a-t-il d’autres solutions chirurgicales pour mon cas et pourquoi ne me les recommandez-vous pas ?

Comment se passe l’acte chirurgical et en avez-vous l’expérience ? Quel est le temps opératoire ? Quelle est la durée de l’hospitalisation ? Aurai-je beaucoup de douleurs et comment la traiter ?

Si je ne me fais pas opérer, mon état va-t-il se dégrader ?

Quels sont les bénéfices pour moi à être opéré et quel résultat final puis-je espérer ?

Quels sont les risques et/ou complications encourus pour cette chirurgie ?